Le visage de Nina est parsemé de taches de rousseur comme si la démesure avait été la seule alternative possible quand son visage a été conçu. Moquée par son cousin Jessy, l’une de ses tantes lui a acheté des crèmes pour les cacher. Chose que sa mère trouve stupide et Nina aussi d’ailleurs. Surtout qu’elle a bien souvent la flemme de les appliquer. Elle a les cheveux roux et les yeux bruns. Son visage est plutôt amical. Du moins, il le serait si elle apprenait à être plus souriante. Elle se force un peu quand elle va travailler au Bluebird Coffee, n’a pas besoin de le faire quand elle joue les babysitter car elle aime tout simplement ça, et n’essaye même pas au lycée (en dehors du club de maths).

De taille moyenne, elle doit bien admettre ne pas être indifférente au standard de minceur qui pèse sur sa tranche d’âge et parfois renoncer pour ce motif sacré à une énième part de gâteau (pourtant tant désirée !). Sans parler des exercices de gymnastique improvisés le soir dans sa chambre après avoir visionné l'épisode d’une série remplie d’actrices blondes, minces et au style infaillible. Parce que, après tout, derrière ses airs un peu bucheron et sa franchise, Nina reste une fille… Enfin, presque. Elle n’a pas su tenir plus de deux semaines la rédaction d’un journal intime et est allergique aux boys-band. En plus de ça, elle a une force démesurée. Quasi-impossible, à moins de s’appeler Hulk, d’ouvrir un pot de confiture après qu’elle l’ait fermé !

Elle a des cicatrices sur les bras ; parce qu’elle fonce sans se soucier de se blesser et ne se soigne pas vraiment après. Son look, lui, est plutôt simple et oscille suivant ses humeurs. Les noëls et anniversaires lui ont permis de constituer un stock de boucles d'oreille et de bracelets assez conséquent, dont elle n'utilise pas la moitié, et elle garde souvent les cheveux attachés. Mais Fifi Brindacier a bien grandi ! Au moins, elle n'a plus de poussière dans les cheveux, d'herbe, de plume ou autres quand elle va en cours, et elle arrive à finir une journée sans aucune tache sur ses vêtements !

« Nina, arrête ! »
Cette lettre, elle ne veut pas la lire. Elle ne la lira jamais. Le seul moyen de s’en débarrasser est encore de la déchirer en mille morceaux et de la jeter à la poubelle. Il fait trop chaud, ici. Toujours. C’est pourquoi, ils n’ont pas de cheminée à la maison. Nulle part où se débarrasser de cette missive de la manière la plus théâtrale qui soit. Pourtant, le seul moyen qui lui reste encore de la faire disparaître lui est arraché par la voix autoritaire de sa mère tandis qu’elle se tient au-dessus de la poubelle, ouverte. Incapable d’obéir et en même temps de s’exécuter, l’adolescente fixe ses mains, tremblante. Elle ne veut pas lire la lettre de son père. Elle ne veut même pas en entendre parler. Elle la jette finalement puis court vers la sortie la plus proche, laissant le couvercle en métal claquer dans son dos. Une fois à bonne distance de la maison, elle s’arrête de courir et doit rester un moment immobile pour reprendre sa respiration. Quand elle aura gagné suffisamment d’argent, quand elle sera majeure, elle partira de cette maudite ville. Loin de l’endroit où son père les a laissés avant d’être suffisamment lâche pour vouloir garder contact. Sa mère avait été faible mais pas elle. Non, elle ne lui pardonnerait jamais. Ce serait trop facile...

- 10 ans plus tôt, à Brisbane toujours, le père de Nina, James, les avait quittés en prétextant une soudaine envie de retrouver une vie tranquille de célibataire. Il avait un temps parcouru l’Australie avant de revenir dans leur ville, cherchant à renouer le contact. Le divorce avait été prononcé. Leur mère, Alice, avait accepté de conserver un lien amical, le laissant voir la plus jeune de leur enfant, Lily, une fois par mois. Le plus âgé, Peter, c’était lui-aussi rapproché de son père. Mais pas Nina. Elle n’a jamais lu, ni même ouvert, aucune de ses lettres, non plus que tenter de le contacter. Son père avait toujours été un personnage assez lointain pour elle, là et en même temps très distant. Soi-disant auteur, il passait plus de temps à se prélasser qu’à vraiment construire quelque chose pour leur famille. Quand il était parti, la mère de Nina avait été un temps dévastée. Et puis, au fil des mois, elle s’était montrée plus forte, quoique doublement stressée. Alors, Nina avait fini par se dire que l’image d’un père n’était pas forcément obligatoire et que la présence d’une mère suffisait.

Après une psychanalyse forcée, on lui avait reproché une insensibilité au départ de son père et autres âneries sorties tout droit de l’esprit étriqué d’une psy incapable de voir que son opposition forcenée à entendre parler de son père était significative d’une vraie colère. Une colère qui ne retomba pas mais ne fit que grandir quand son grand-père Marthy, avec lequel elle partageait ses plus grandes passions, décéda en octobre 2015. Avec l’héritage, leur mère, qui travaille au Lone Pine à la sauvegarde de l’habitat des koalas, décida de leur offrir un cadre de vie qu’elle jugeait idéale en emménageant dans le tout nouveau Willow Lane. Un déménagement dans une même ville que Nina, dans son esprit combattif et déterminé, prit pourtant comme point de départ pour sa nouvelle vie. Pour sa nouvelle vie de voyage et de découverte une fois qu’elle serait majeure. Mais, pour ça, il lui fallait gagner de l’argent. La distribution du courrier ? Réservée aux plus petits. L’entretien des pelouses ? Aux plus âgés… Par contre, son dossier scolaire irréprochable, sa tranche d’âge et son sexe la présentait comme une candidate idéale pour... le babysitting !

Une fois ses petites annonces postées, elle avait finalement candidaté au Bluebird Coffee. Plus elle gagnerait d’argent, plus elle aurait des économies, et mieux ce serait ! Elle travaille dans ce café les week-end depuis quatre mois maintenant. Le babysitting ? Ça va et ça vient… Elle est plutôt sérieuse. Elle s’occupe bien des petits, elle fait ses devoirs pendant qu’ils dorment. Souvent, elle rêvasse aussi. Elle leur raconte des histoires en leur faisant partager ses rêves de voyage et ses lectures. Elle aime bien les enfants. Et les personnes âgées aussi. Plus que les gens de son âge. En fait, elle n’a pas beaucoup d’amis. A part les gens du club de maths. Elle a remporté plusieurs concours avec l’équipe du lycée. Loin des pom-pom girls, elle préfère encore trouver un recoin tranquille à la bibliothèque, discuter avec quelques camarades du club, s'insurger contre le traitement réservé aux animaux en laboratoire ou seulement passer le temps en lisant. Elle pourrait être plus populaire si elle le voulait et n’avait pas un aussi mauvais caractère et un franc-parler si dévastateur. Tempérament qui explique ses quelques entretiens d’embauche ratés ou ses heures de colle à la pause-déjeuner... Des punitions que ses bonnes notes réussissent à rendre acceptables dans son dossier mais pas moins exaspérantes pour sa mère.

Souvent, elle sort jouer avec sa sœur Lily et sa chienne Thalie. Ils ont adopté Thalie il y a un mois au refuge. C’est une vieille chienne qui a besoin de médicaments, mais les filles l’aiment beaucoup. Les voisins un peu moins quand ils retrouvent ses jouets éparpillés sur leur jolie pelouse bien tondue... Car les filles sont un peu livrées à elles-mêmes parfois. Avec leur frère étudiant à Sydney ; un père absent ; puis, leur mère occupée par son travail, la maison, ses sorties entre copines pour trouver un nouveau "Monsieur Fairley" et le temps qu'il lui reste pour concilier les trois. Contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, Nina se plaît bien à Willow Lane. La maison est proche du lycée et du café. En plus, il y a plein de gens différents ! Jeunes couples, familles, pépés-mémés, étudiants, et même un cinéma ! Manque plus qu'un magasin de yaourt ! Euh... En fait, si. Y'en a même un ! (^-^)''