Depuis qu’elle était petite, disons depuis qu’elle était gamine, Lucy avait toujours su ce qu’elle voulait. Têtue ? Bornée ? Non, c’était bien plus que cela. En effet, il n’y avait pas d’adjectif assez puissant pour qualifier le caractère de la blonde. Ce qu’elle désirait ? Elle l’obtenait toujours, par n’importe quel moyen, même si ce moyen n’était pas des plus légal. Elle était un brin égoïste, parce que oui, au fond, tout le monde avait une part d’égoïsme en soi, même si certaines personnes ne se l’avouaient pas, Lucy était bien consciente de son égoïsme et ne le cachait pas : parfois, elle aimait se faire plaisir avant de faire plaisir autrui. Cependant, la jeune femme donnait souvent tout ce qu’elle avait aux gens qu’elle aimait, les considérant presque comme s’ils étaient une partie d’elle que rien ni personne n’avait le droit de lui prendre ou de toucher simplement.

Justement, elle avouait qu’elle pouvait s’avérer un peu égoïste parfois mais ce qu’elle avouait surtout aux autres c’était qu’elle était très franche et honnête. Si elle avait envie de dire quelque chose, même si ce n’était pas agréable à entendre, elle le disait. On pouvait dire qu’elle n’avait aucun filtre, aucune gêne ou encore qu’elle n’avait pas la langue dans sa poche. C’était quelque peu la réputation qu’elle allait avoir à Willow Lane mais ça ne la dérangeait absolument pas, elle était du genre à tout assumer de A à Z. De plus, elle avait déjà cette réputation dans sa famille elle était donc habituée, notamment avec sa grande sœur Dawn avec qui elle était souvent en conflit à cause de ce caractère bien trempé, tout comme avec son grand frère Adam avec lequel la communication était quasiment inexistante à cause du caractère de Lucy, bien qu’elle essayait de se calmer pour assainir les relations avec sa famille qu’elle aimait plus que tout.

Physiquement parlant, Lucy était du genre à faire attention à son apparence sans pour autant être superficielle, elle fait tout pour rester simple en prenant soin d’elle. Pour cela, elle fait beaucoup de sport pour entretenir son corps, elle ne pouvait pas vivre plus de trois journées sans avoir fait du sport, ou au minimum quelques abdos et squats en tout genre. Elle n’était pas du genre à rester à rien faire, elle ne tenait pas en place sans pour autant être hyperactive. Elle avait simplement besoin de bouger, de faire des choses dans sa vie, elle qui voyait les choses en grand et qui rêvait de voyage, de luxe et de succès. Pour obtenir le luxe et le succès, elle savait qu’elle devrait faire de gros efforts et que ça n’était pas en claquant des doigts que l’on avait tout ce que l’on désirait.

Lucy Weaver était la troisième enfant d’une famille australienne par leur papa et canadienne par leur maman. Née à Sydney en Australie, elle est venue au monde 2 ans avant la petite quatrième de leur grande famille, mais elle avait sûrement été la plus récalcitrante au niveau de son caractère bien que lorsqu’elle ne fût encore qu’une enfant, elle avait su canaliser ce caractère et cette surexcitation constante par la pratique de la natation en petit bassin dès qu’elle sut nager, c’est-à-dire à ces six ans. Cette passion ? Toute sa famille l’avait accepté, bien qu’elle n’eût juré que par ce sport toute son enfance et que ses parents auraient sans doute voulu qu’elle s’ouvre à d’autres pratiques sportives ou culturelles. Cette passion, elle l’avait même continuée lors du déménagement au Canada, déménagement qui ne l’eût pas spécialement perturbé. Même si se séparer de ses copains de l’école en Australie avait été loin d’être évident, elle s’en était toute suite remise, étant de nature très sociable, elle n’avait pas eu de difficultés pour se refaire de nouveaux amis.

L’entrée dans l’adolescence et l’adolescence elle-même fût probablement la pire période de sa vie mais pas uniquement pour elle, aussi pour sa famille et particulièrement son grand frère Adam et sa grande sœur Dawn avec qui les relations s’étaient dégradées par la faute du caractère trop hargneux qu’elle eût à cette époque. La seule qui l’avait toujours soutenu était Rose, la plus petite de la famille, qui avait toujours essayé de la comprendre plutôt que de la laisser tomber malgré les petites disputes qu’elles eurent à cette époque.

Dawn était celle avec qui elle avait pourtant eu une relation très fusionnelle lorsqu’elles étaient enfants. Les deux sœurs étaient en effet très proches jusqu’à la crise d’adolescence de Lucy pendant laquelle les deux jeunes femmes se crêpaient le chignon pour un oui et pour un non. Lucy s’était sentie oppressée par Dawn et trouvait qu’elle n’avait pas sa place dans la famille parce que Dawn voulait contrôler la vie de Lucy et que pour elle, ça en était devenu insupportable : d’ailleurs, Lucy, avec son caractère bien trempé, n’avait jamais hésité à remettre en place sa grande sœur, avec un manque de respect incroyable. Quand Lucy repensait à tout cela, elle avait des regrets, bien qu’aujourd’hui les deux jeunes femmes soient encore en froid, toutes les deux essayaient de faire des efforts pour s’entendre mieux et laisser les rancœurs du passé derrière elles.

Adam était le seul frère qu’elle avait, et pourtant, elle n’avait pas pu s’empêcher de l’embêter, de voler, de fumer, de ne plus aller en cours, bref de vouloir être le centre de l’attention et d’être insupportable, alors que lui s’inquiétait pour elle. Sauf que ça, Lucy ne l’avait jamais remarqué, elle avait été bien trop occupée à faire ses bêtises, même quand celui-ci avait décidé de couper les ponts, Lucy était restée bornée et se fichait de ne plus avoir de contact avec son frère. Aujourd’hui, même si Lucy avait changé et qu’elle était plutôt calme – bien que cela dépendait de la situation dans laquelle elle se trouvait -, elle savait qu’Adam avait du mal à lui refaire confiance et il fallait dire que ça lui faisait beaucoup de peine. Mais c’était de sa faute, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même.  

L’adolescence de Lucy fut assez rythmée, mais c’était en entrant dans la vie adulte et lorsqu’elle eut trouvé sa voie pour le métier d’éducatrice de jeunes enfants, qu’elle réussit à se calmer et à se canaliser elle-même même si toutes les tensions ne s’étaient pas encore tout à fait dissipées. Depuis quelques mois, elle était retournée en Australie, son pays de naissance, avec sa petite sœur Rose avec qui elle vivait en colocation. Ces deux-là étaient devenues quasiment inséparables. Lucy comptait bien repartir sur de nouvelles bases saines et rencontrer des personnes qui puissent la faire aller de l’avant, qui puissent la faire mûrir et grandir encore plus : c’était son seul désir pour prouver à sa famille qu’elle avait changé et qu’elle regrettait d’avoir agi comme elle l’avait fait durant son adolescence.