Ethan n'est pas quelqu'un de particulièrement attirant au début. Quand on regarde seulement à la surface, on dirait tout simplement que c'est un petit con de bourgeois. Égoïste et méprisant envers un peu trop de monde, il ne se prend pas pour de la merde. Il est sûr de lui et ne doute jamais de rien. Cela ne l'empêche pas d'apprécier vers les autres. Ils ont toujours quelque chose à lui apporter. Et puis, pour s'amuser, c'est quand même mieux à plusieurs que tout seul, non ? En tout cas, il faut savoir par quel bout le prendre pour s'en faire un ami ou au moins, une connaissance amicale. Et le moindre pas de travers est sanctionné. Ethan est aussi dur avec lui-même qu'avec les autres. Derrière un possible air de nonchalance se cache un homme qui sait ce qu'il veut et qui fera tout pour atteindre ses objectifs, quels qu'ils soient. Et puis parfois, la carapace se brise et derrière, on trouve un jeune homme finalement bien humain et capable de ressentir une palette de sentiments importantes. Mais c'est bien plus facile de faire semblant.

Ethan est physiquement une bombe, il est sexy, il attire tous les regards, les filles sont à ses pieds. Enfin, ça, c'est dans sa tête. Dans la réalité, ce jeune homme d'un mètre quatre-vingt-sept n'a pas vraiment de signe distinctif. Un brun aux yeux marrons, peut-on faire plus banal ? Il aime bien porter la barbe de trois jours, il trouve que ça le vieillit et que çalui donne l'air sérieux. Au niveau des fringues, c'est loin d'être l'éclat. Un jeans et un haut à capuche, ça lui suffit. Parfois, une casquette. De toute façon pour son métier, on ne lui demande pas d'être bien sapé, alors i ne va pas faire d'effort inutile.

Ethan aurait pu tout avoir dans la vie. De l'argent, de la popularité, un boulot pas trop dégueu, une vie posée et rangée... mais non. Ça ne lui plaisait pas. Rebelle dans l'âme ou juste petit con, chacun son avis sur la question. Ca avait bien commencé pourtant. Né dans une famille bourgeoise, il n'a jamais manqué de rien. Si son père était du genre à être toujours absent et en déplacement, il a bénéficié de l'amour de sa mère. Benjamin de la famille, il avait une soeur d'un an son aînée et une autre d'un an sa cadette. Autant dire qu'ils étaient tous les temps fourrés tous les trois ensemble, à faire les quatre cents coups sous l'oeil sévère mais attendri de leur génitrice.

Et puis arriva l'âge con, aka l'adolescence. Ethan vécut une véritable crise d'adolescence, envoyant tout chier. Lui qui était un élève plutôt tranquille commença à foutre le dawa en cours, finissant par se faire renvoyer de l'école privée où l'avait mis son cher père. Il atterrit à l'école publique du coin et il ne tarda pas à avoir de mauvaises fréquentations, comme aiment bien dire les adultes sérieux. Lui, il s'amusait juste, il découvrait la vie comme il aimait le dire. Il découvrit les joints à quinze ans, les filles peu de temps après... Ses parents tentèrent de le remettre dans le rang, mais il n'en faisait qu'à sa tête. Quand son père refusa de lui donner de l'argent, Ethan finit par le voler pour pouvoir s'acheter son herbe. Il n'était pas accro. Juste un peu con et avec une forte envie de défier l'autorité familiale.

Forcément, ce qui devait arriver arriva : le jour de ses dix-huit ans, son père le mit à la porte avec juste quelques affaires. Hors de question qu'il continue d'entacher leur réputation dans le quartier et dans leurs cercles d'amis. Il voulait faire sa vie ? Qu'il aille la faire ailleurs. La seule chose qui attrista Ethan était de ne pas avoir pu dire au revoir à ses soeurs. Mais il partit sans rien dire. Il se rendit chez un ami qui l'hébergea quelques temps. Ethan dealait à petite échelle depuis quelques mois déjà, mais cet ami le fit entrer dans un réseau pour qu'il passe au niveau au-dessus et puisse en vivre. Le jeune homme préféra tout de même enchaîner les petits boulots à côté, histoire de garder un pied dans la réalité.

Les années passèrent. Il asseyait doucement sa réputation de dealer jusqu'à avoir son petit réseau autonome et ses clients réguliers. Sa vie amoureuse ressemblait à Bagdad, incapable de rester en couple très longtemps avant que ça n'explose. Au final, ce n'était peut-être pas plus mal, il pouvait faire ses petites affaires sans qu'on vienne l'emmerder comme ça. En décembre 2015, il acheta une maison dans le nouveau quartier qui avait émergé, Willow Lane. Il la prit en photo et l'envoya à ses parents, sans un mot explicatif. Qu'ils comprennent qu'il n'était pas un raté et qu'il avait fait sa vie comme il l'entendait.

Mais la vie seule, après avoir passé des années à aller de pote en pote, c'était un peu chiant. Il se décida finalement à passer une annonce pour une colocation. Après plusieurs visites, il décida de retenir une jeune femme, qui semblait tranquille et timide, quelqu'un avec qui la colocation se passerait bien.

Ca, c'était ce qu'il pensait au début. Maintenant, il se demande dans quelle merde il s'est foutu.